• QUATRE VINGT

    Si je gouvernais un petit royaume

    Avec peu d’habitants,

    Je défendrais d’utiliser les armes

    Que ce peuple possèderait.

     

    Le peuple devrait considérer la mort

    Comme redoutable

    Et rester dans les lieux de ses ancêtres.

     

    Bien qu’ayant bateaux et chars,

    Il n’en userait point.

     

    Bien qu’ayant armes et cuirasses,

    Il les laisserait

    Dans leur cache.

     

    Il compterait jours et années

    Avec des cordelettes,

    Comme dans le passé.

     

    Il trouverait savoureuse

    Sa nourriture,

    Beaux

    Ses vêtements,

    Agréable

    Sa maison,

    Pleines de douceur

    Ses coutumes ancestrales.

     

    Non loin de là,

    Il apercevrait avec bonheur

    Les hommes du pays voisin.

     

    Il entendrait chanter leurs coqs

    Et aboyer leurs chiens.

     

    Il vivrait au rythme des saisons,

    Et mourrait de vieillesse

    Sans avoir connu le pays voisin.

     

    LAO-TSEU