• QUINZE

    Les grands sages de l’Antiquité

    Etaient si éloignés

    Des autres hommes

    Par l’étendue de leur connaissance

    Et la profondeur de leur pensée

    Qu’on ne pouvait

    Espérer les comprendre.

     

    Peut-on les décrire ?

     

    Ils étaient attentifs

    Comme l’homme qui traverse

    L’eau tumultueuse et glacée

    D’un torrent.

     

    Prudents

    Comme le voyageur

    Averti d’un danger.

     

    Réservés comme

    Le visiteur

    Qui reçoit  l’hospitalité.

     

    Insaisissables

    Comme la glace

    Qui fond.

     

    Simples

    Comme le bois brut

    Que l’on vient de débiter.

     

    Ils étaient emplis d’espace infini

    Comme la vallée,

    Insondables

    Comme une eau dormante.

     

    Celui qui suit le Tao peut,

    Sans trouble intérieur,

    Attendre que l’eau pure

    Se décharge des limons.

     

    Immobile et calme,

    Il verra se présenter

    L’heure d’agir.

     

    Il ne désire

    Que l’infini du vide.

     

    C’est pourquoi

    Les hommes peuvent par moment

    Le mépriser,

    Le croyant loin de la vérité,

    Car ils ignorent sa sagesse.

     


    LAO-TSEU